Le forum I - TRANS - Transgenre et Transsexualité | Transidentité - Infos et Rencontres

Bonjour à toutes et tous,

Chacun, chacune de nous, au début de sa transition, a informé ses proches de son désir de vivre enfin libéré(e).

C'est un passage obligé,

Avant, nous avons tous et toutes rêvé d'un passage sans problème,

Pendant, un tsunami détruit inexorablement, le peu d'espoir qu'il nous reste et pourtant nous nous y accrochons,

Après, il reste à recoller ce qui n'a pas été détruit, faire le deuil de ce que nous avons perdu et espérer vivre avec la certitude qu'il n'existait pas d'autres solutions.

Pendant, nous apprenons que nous nous sommes fourvoyés.
Non tout le monde n'est pas tolérant.
Oui, on ne comprend pas notre geste
Oui, nous sommes égoïste
Oui, nous ne pensons pas aux autres,
Oui, nous n'avons pas de coeur,
Pourquoi maintenant
Nous sommes malade,
Oui, nous allons éclaté la cellule familiale,
Oui, certains ne nous pardonneront jamais
Oui, oui, oui....

Que de peine, que d'incompréhension, alors qu'il suffisait simplement de nous aimer comme nous sommes.

L'intolérance est le maitre mots. En voulant devenir soi,
Nous avons bousculé l'ordre établi. Nous apprenons que l'amour de l'autre n'est peut être pas suffisant.

Oui, c'est dur et pourtant nous avançons. On ne peut se retourner.

Pour ma part, j'y ai perdu la cellule familiale proche. Je divorce. Ma femme a pris un appartement et moi je vais faire de même sur Paris. Chacun de nous garde un enfant, moi ma fille, mon ex, notre fils.
Notre grande maison, en cours de rénovation, en Vendée se trouve vidée de ses occupants.
Côté Parents paternels, ils sont tous d'accord, à part qu'ils ne comprennent pas pourquoi vouloir absolument garder la maison, pourquoi ne pas la vendre.

Alors, est-ce que tout cela valait le coup ?
Chacun et chacune de nous fera le point et répondra à cette question.
C'est le prix à payer pour renaître.


Portez vous bien

Nane

_________________
C'est ( presque ) gagné !

La vie est vraiment génial.

Hello, pour ma part sa à été pire , faut s’acrocher et c’est très dur.
J’ai terminer sdf , je me suis relever mais durdur.
Courage à toi Nane.
Pleins de bisous<3

@Nane : J'ai eu plus ou moins pareil. Séparation, divorce en cours, plus de relations avec ma famille, tout reconstruire à zéro. Cela fait 2 ans et demi maintenant. Les débuts ont été très difficiles. Mais aujourd'hui, je suis heureuse.

Courage à toi.

_________________
Ma force, c'est ma sensibilité.

[quote="Laura G"]@Nane : J'ai eu plus ou moins pareil. Séparation, divorce en cours, plus de relations avec ma famille, tout reconstruire à zéro. Cela fait 2 ans et demi maintenant. Les débuts ont été très difficiles. Mais aujourd'hui, je suis heureuse.

Courage à toi

Bonjour Laura
Comment peux tu étre heureuse
Aprés tout ça!
Moi,ma famille a volé en miettes,
J’ai tout perdu,femme et enfants!
(Sans compter un fils décédé)
Et maintenant,cette putain de vieillesse
Qui me tombe dessus!
Je voudrais encore aimer et étre aimée
Mais je n’intéresse plus personne!
Jamais je n’aurais pensée que ma vie
Puisse finir si tristement!

_________________
Le temps d’apprendre à vivre,il est déjà trop tard.
(Louis Aragon)

Comment ?

Difficile à expliquer...
Comme toi j'ai tout perdu.
Puis on m'a trompée, violée, manqué de respect.
J'avais l'impression que ma nouvelle vie avait à peine commencé, que déjà je souffrais.
Mais avec le temps, j'ai vu mes changements. Et j'ai enfin aimé la personne que je devenais.
Pour moi, c'est là qu'est le secret : j'ai appris à aimer la personne que je suis devenue.
Crois-moi, si tu ne t'aimes pas, qui pourrait t'aimer ? C'est dur à entendre comme message. Moi-même ça m'a mis en colère la première fois qu'on me l'a dit. Mais, il n'y a pas d'autre chemin.
Car le raisonnement est : comment peut-on être aimée si l'on ne s'aime pas soi-même ? Comment défendre la personne que l'on aime, si on ne sait pas se défendre soi-même ? Etc...
La vie n'est pas facile.
Mes enfants ne veulent rien savoir de moi, la famille non plus. Je vis seule. Et je ne roule pas sur l'or.
Mais l'univers a mis sur mon chemin des personnes merveilleuses. Qui me soutiennent, et m'aiment.
Et ceci a commencé dès que j'ai appris à me respecter.
Le chemin a été très compliqué, et je ne suis pas encore arrivée à destination. Je dois encore attendre quelques semaines/mois à guérir complètement de ma dernière opération. Je ne suis pas montrable.
Et la femme de ma vie, je ne lui parle plus depuis l'année passée.
Mais, j'ai bon espoir que tout se règle un jour.
Car j'ai fait ce qu'il fallait dans ma vie. Je me suis respectée. J'ai traversé l'enfer, et je vois que la sortie est proche.
Nos parcours sont longs et difficiles. Ne lâche rien. Continue à te battre. Et réjouis toi de chaque épreuve que tu laisses derrière toi.
Je te fais un énorme bisou, Betty.

Laura

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Ma force, c'est ma sensibilité.

J’ai lu 2 fois ton post.
Merci Laura.
Tu es une bonne personne.
Je t’embrasse.

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Le temps d’apprendre à vivre,il est déjà trop tard.
(Louis Aragon)

Bonjour Betty, Bonjour Laura,

C'est vrai que c'est difficile,
Et c'est vrai qu'en contrepartie, on se sent enfin "Moi".

Lorsque je regarde qui a tourné le dos, je suis assez atterrée. Ce sont ceux qui me semblaient au premier abord capable de ne pas genrer.
La dernièrement, un ami, M. que je considère comme mon frère, qui n'a pas été capable de comprendre qu'il m'est difficile de garder mon ancien prénom. Cela fait 8 mois qu'il est au courant, qu'il m'appelle au moins 10 fois par jour, mais qu'il continue de m'appeler "Amin" (mon ancien prénom musulman). J'ai eu beau de le supplier, de lui montrer que cela me gêne...rien n'y a fait. La semaine dernière je lui ai dit " ne m'appelle pas si tu veux continuer à m'appeler Amin ou Yves, je m'appelle Nane et mon prénom musulman est Sarah". Depuis, il a coupé les ponts. Il ne répond plus au téléphone. Cela faisait 20 ans que nous nous connaissons et que nous étions inséparables.

Nous subissons une double punition.
La première étant le temps qu'il nous a fallu pour éclore et tous les exactions que nous avons subi.
La deuxième c'est la non reconnaissance de notre entité par nos proches et amis.

En ce moment j'ai du mal à m'aimer moi même, lorsque je vois le champs de bataille et tous ces morts qui s'amoncellent, tous ceux et celles qui ne feront plus partie de ma vie et que j'aime. Tout le mal que je leur fait.
Le plus difficile sera de faire le deuil de cette vie.

Il est vrai que nous n'avons pas la même façon de voir.
Pour moi, ils ne genront pas et continueront à m'aimer et me côtoyer.
Pour eux, j'ai détruit l'être que j'étais avant, il est mort à leurs yeux, ils ne me reconnaissent pas. Ils sont malheureux et sont perdus vis à vis de mon égoïsme.

Pourquoi tant d'intolérance ?

Faire table rase du passé, c'est le seul objectif que je me suis fixé. Me reconstruire et m'aimer à nouveau.
J'ai de la chance car je vais entamer une nouvelle vie, ailleurs en île de France avec une remise à zéro de tous les compteurs. Ma fille de 7 ans reste avec moi. Je ne sais si j'aurais le temps de faire une adoption simple sur mon fils et s'il est toujours d'accord, avec les derniers événements. Pour moi c'est important car il est sous Kafala judiciaire et donc en droit marocain ne peut hériter des parents tuteurs. Que mes enfants héritent, c'est primordial à mes yeux.

Quand à tout ce qui m'entoure, actuellement je ne suis pas réceptive.
Les élections, les activités professionnelles me passent au dessus. J'en suis presque à vouloir tout arrêter côté sociétés ou de faire une cessation. Je n'ai plus le goût d'avancer. Quit à tout recommencer, pourquoi pas tout détruire.
Bon, je me connais. J'ai une certaine propension à me recréer, tout n'est donc pas perdu. Mais pour cela il faut que je touche le fond et à mon humble avis j'en suis pas loin.

Portez vous bien

Nane

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C'est ( presque ) gagné !

La vie est vraiment génial.

de tout cœur avec toi
quant il faut y aller il faut y aller sans riens regretter
tète haute téton altier ,courage et détermination !

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Je pressens tout ce qui m’entoure, mon âme d’enfant est une grande excitée.
Je crie ma liberté cueillie en cette vie flamboyante, j’en suis émerveillé.
des peurs.
J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre.

Oh que ton témoignage me touche...

Je comprends tellement ce sentiment de mort derrière soi. Toutes ces batailles gagnées, que l'on perçoit comme perdues. Tout ce passé bon à être jeté à la poubelle.
Je ressens les mêmes sentiments. L'actualité me passe au-dessus. Depuis longtemps certes. Mais comparable à ce que tu ressens.
Renaître une fois après l'autre, cet éternel recommencement.
Mais il y a un espoir. Quand ton deuil sera fait, tu verras ce passé d'un autre oeil. Tu auras oublié tout ça, comme si cette ancienne vie n'avait jamais existé.

Je te souhaite plein de courage.

Laura

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Ma force, c'est ma sensibilité.

Intéressante cette question du coût social de la transition. Quelles amitiés, relations, famille a-t-on perdues du fait de la transition ?

Au début de ma transition, j'ai appliqué le principe radical de couper les ponts par avance, ou rapidement, afin de ne pas accumuler de drama ou de conflits stériles. L'efficacité a été mon objectif premier (pour avoir la transition la plus rapide possible).

Côté famille, j'ai commencé en en informant uniquement ma mère. Plus tard on en a parlé à mon père, qui a été dégoûté qu'on ait mené ça dans son dos (mais c'était la bonne décision pour ne pas perdre de temps parce qu'il s'y serait opposé à toutes forces). Maintenant il s'y est fait et tout va bien. Cela a pris des années pour qu'il l'accepte.

Côté amis, j'avais 2 cercles. Le premier, hérité du collège/lycée, je les ai informés rapidement. Ils ont été a priori alliés/aidants. Mais j'ai coupé les ponts 1 an plus tard, pour diverses raisons. Parmi elle, les préserver de mes sautes d'humeur dues au changement de rythmes hormonaux, qui créaient des conflits à répétition. Au fil du temps, certains m'ont recontactée de loin en loin.

Le deuxième cercle, plus récent, j'ai coupé les ponts a priori, en supposant qu'ils ne comprendraient pas. Même si je m'éclatais beaucoup avec eux, je ne regrette pas : les connaissant assez, il est certain qu'ils n'auraient pas accepté.

J'ai ensuite recomposé des relations post-transition, mais je reste bien plus isolée qu'avant (beaucoup moins d'amis). Cela ne me dérange pas outre mesure, étant d'un naturel solitaire (mon boulot se fait seule, une grosse partie de mes loisirs aussi, etc).
Aujourd'hui j'ai un conjoint, une petite poignée d'amis proches et des amis/connaissances de loisir (associations, etc).

Le coût social de ma transition a donc été important, mais je ne l'ai pas ressenti du tout comme un "coût" ou une "perte". J'ai très bien vécu de couper ces ponts et, de manière générale, je peux facilement ghoster les gens encore aujourd'hui, sans que ça ne me déclenche beaucoup de regrets (j'y repense 1 fois tous les 2 ou 3 ans généralement).
J'ai le sentiment que cette attitude m'a davantage préservée de problèmes que coûté ; c'est peut-être une des raisons pour lesquelles j'ai eu une transition assez peu mouvementée (quand on supprime sans remords les sources des problèmes, il n'y a plus de problèmes).

Le coût social de la transition peut être immense ou assez limité.
Pour ma part je n'ai "perdu" que 2 personnes, et l'une d'elle est un de mes enfants.
Quand on a élevé une famille, on ne peut pas vraiment laisser son passé derrière soi, sauf à être parent indigne.
J'aimerai mon fils pour toujours même si lui me refuse (et étant adulte, ca ne changera pas je pense.

Retrouver la pleine et entière sérénité dans ces conditions, il faut accepter que ça n'arrivera jamais.
Je ne regrette pourtant pas ma transition.
Je peux me regarder dans le miroir, au moins.