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 Sujet du message: LETTRE DE MOTIVATION
Message non luPosté: 12 Déc 2009 16:43 
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Inscription: 09 Fév 2006 17:18
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Voilà, comme promis je dépose ici une copie de la lettre de motivation à mon psy de Perpignan en préambule à mon protocole.
J'espère qu'il pourra servir de base de raisonnement à quelque camarade dans la quête inhumaine à l'identité de genre.
Ceci pour dire aussi à celles qui s'interrogent qu'une fois le parcours accompli ce raisonnement peut sembler quelque peu dérisoire mais il m'apparaît parfaitement légitime et sage de le tenir
Michèle Aubeline




Aubeline I
33 rue des G
66000 PERPIGNAN à

Monsieur Le Docteur G
1 ter rue 66000 PERPIGNAN

Le 8 avril 2004






Monsieur.



Nombre de mes meilleures amies transsexuelles en phase de réassignation sexuelle achevée ou en cours sont venues corroborer l’intuition que j’avais déjà de vous adresser cette lettre de motivation.

Je pense en effet que l’écriture est depuis toujours mon meilleur mode d’expression qui me permettra au premier chef de vous exposer les axes principaux de mes raisonnements, étant entendu que le dialogue qui devrait s’instaurer sera l’élément constructif de votre propre conviction.

Prise un peu, j’en conviens, entre le marteau et l’enclume, avec ma volonté d’avancer vite et bien, le plus loin possible dans ma démarche, face au souci de ne pas commettre d’erreurs et de composer avec les exigences de la vie, j’entends me livrer à cette analyse en toute sincérité.
Néanmoins, les nuances apportées à mon propos qui relèvent directement de mon expérience, patience, recul, temporisation, socialisation ne me font en aucun cas oublier ma détermination à me rapprocher physiquement de l’image morale que j’ai en tête depuis toujours, sauf que maintenant je dois composer, intelligemment avec les années qui sont passées.
Arrivée à mon âge (56 ans) avec le long vécu actif que nous évoquerons, j’ai une connaissance assez précise de ces procédures avec les risques inhérents.

J’affirme donc que je suis transsexuelle, en nuançant cette certitude par une notion plus intermédiaire de transgenre, dictée, je pense, plus par des impératifs socioculturels que par limites propres :
J’évoque donc, avec vous le principe d’une procédure de réassignation sexuelle menée suivant les directives par un patricien comportementaliste diplômé, voire une équipe comme cela semble souvent le cas, si votre volonté est de vous rattacher à l’une de ces unités médicales pluridisciplinaires.
Je m’adresse à vous, Docteur car lors de nos précédentes rencontres, j’ai acquit, les sentiments de confiance qui me semblent nécessaires pour une telle entreprise!


Je suis arrivée à la conclusion de cette nécessité à ce point de mon cheminement parce que j’ai atteint, depuis bien des années, une immense lassitude face à ma vie d’homme que j’ai essayée de préserver jusqu’ici, du moins dans ses apparences.
Suite au départ tragique de mon ami et médecin traitant qui me suivait depuis une trentaine d’années, le Docteur B, décédé récemment, le docteur P, mon nouveau généraliste, en recherche des compétences adéquates, m’a envoyée vers vous :

« J’ai la certitude fortement ancrée d’être transsexuelle, depuis mon enfance, manifestée par un sens aigu d’inadéquation à l’égard de mon sexe d’origine, qui se s’est matérialisée par la préoccupation permanente de me défaire des caractéristiques primaires de mon sexe d’origine pour acquérir celles du sexe féminin ! »

Ceci dit dans la terminologie officielle car plus simplement et seulement avec mon cœur, je dirai que je me sens femme depuis mon enfance.
Toute ma vie a été bouleversée par ce sentiment indestructible malgré toute ma volonté de vivre conformément à mon sexe masculin d’origine en faisant face par nombreuses tentatives infructueuses de passer au-delà de cette extrême tentation.
J’ai besoin avant tout d’une confirmation pour pouvoir me prononcer sur mes orientations futures, parce que ma situation sociale et affective me permet, je pense, d’évoluer vers un projet de féminisation crédible de mon corps pour qu’il soit plus conforme à l’image mentale que j’en ai depuis longtemps et que j’ai déjà approché de près par le passé.
La seule inconnue de mon équation restant toujours de savoir jusqu’où je peux aller en tenant compte des facteurs avérés d’une existence sociale et affective déjà largement entamée.


Permettez-moi de vous présenter un historique succinct de ce qui m’a amenée vers vous :
Si je remonte à mon enfance, je pense avoir vécu un système éducatif extrêmement déstabilisant, voire même castrateur, comme disent certains, qui m’a conduite à raisonner dans le sens qu’il valait mieux être une petite fille pour fonctionner normalement dans l’amour de ses parents..
De récents renseignement me donnent à penser que ce syndrome pourrait même provenir de ma prime enfance, où mon père aurait pris le pied contraire d’une habitude d’habillement des petits garçons en fille à leur époque et dont il aurait terriblement souffert.
Ce trouble du comportement avait déjà été avancé par le Pédopsychiatre G L chez lequel le petit garçon, paraît-il, perturbé que j’étais, avait été conduit avant mes 10 ans.
Ce monsieur avait conclu en «un trouble du comportement », pour reprendre les termes exacts de mes souvenirs, en précisant deux axes possibles de thérapie : les piqûres ou les «coups de pieds au cul ! »
C’est l’option musclée qui avait alors remporté le suffrage de mes parents.
Reste qu’il m’est impossible d’établir les liens de causes à effets, à savoir si c’est le trouble originel qui engendre la situation familiale ou la situation vécue qui est la cause du-dit trouble.

Cela a-t-il une grande importance dans la mesure où on ne peut plus agir sur le passé sauf probablement à la compréhension des mécanismes qui m’ont conduite là.

Le sentiment d’inconfort, diffus dans les premières années s’est un peu plus précisé au sortir des dix premières années, exprimé par un travestissement rudimentaire pourtant plus axé, je m’en souviens vers une recherche d’image féminine que de plaisir sexuel.

Engluée dans cette masse de sentiments contradictoires, mon adolescence a été catastrophique avec en toile de fond un relatif échec scolaire, conséquence ou moteur des difficultés connues avec mes parents.

Jeune adulte le féminin a largement fait partie de ma vie comme expression d’être.
Mes premières relations sexuelles avec des filles ont été révélatrices d’un malaise intime qui me faisait systématiquement préférer être à la place des quelques filles avec lesquelles j’ai pu faire l’amour, le plus souvent sans en avoir été l’instigateur.
Adulte, j’ai longtemps joué à la noyade sans fin, coulant agréablement dans mon féminin pour remonter douloureusement en surface d’un violent appel du pied, indéfiniment, au gré des refus ou acceptations de mon état.
Je n’ai vraiment admis ma position qu’après la trentaine pour monter crescendo dans ma conviction et la maîtrise de mon image féminine ; tant est si bien que vers quarante ans, j’avais pris fermement la décision du changement de sexe définitif en bousculant des valeurs incontournables pour moi comme mon mariage et ma stabilité sociale.

Pourtant, j’ai reculé à cause de mes engagements maritaux et paternels . Par amour, j’ai voulu redevenir un garçon et je m’en suis donné les moyens.
C’est une parenthèse importante qui a durée quatre ou cinq ans avant de s’étioler à nouveau pour revenir, très péniblement dans mon évidence féminine.
J’ai réalisé avec cette jeune femme une véritable introspection qui m’a fait reprendre mon état originel sur le moment, cette démarche n’étant pas suffisamment affirmée pour être stabilisée.

Actuellement :
Depuis dix ans, je suis à nouveau dans un entre deux qui me dérange profondément, tant que je ne fais rien pour y remédier!
J’évolue de façon quotidienne au masculin, société, famille, emploi de façon superficiellement satisfaisante mais lorsque, de guerre lasse je ne parviens plus à endiguer cet état qui me submerge, en étant vécu au jour le jour, je passe pour un ou quelques jours au féminin ; je dois alors entrer dans une situation matérielle de travestissement temporaire qui ne correspond pas à la corporalité que je ressens tout le temps.
Je dois me maquiller spécialement, porter des vêtements adaptés à ma morphologie d’homme particulièrement sportif et mon apparence nue, si je peux dire ainsi, me révolte dans son aspect.
Autant dire que ce déroulement de vie ne me convient pas et il est devenu indispensable d’y apporter des aménagements destinés à me permettre de trouver un rapport correct entre mes pensées lancinantes et mon image permanente.

Raisonnement qui invariablement aboutit à l’espoir d’une réassignation sexuelle, que je contiens douloureusement; car, j’ai vraiment conscience que cette démarche de féminité contrairement au travestisme ne va pas seulement dans l’aspect habillé, visible par tous… j’ai toujours espéré avoir un vrai sexe féminin !



Devenir :
Il me parait nécessaire de définir qui, jusqu’où et comment !

En apportant ici une précision capitale : Même si je me soumets à un raisonnement naturel de prudence en me disant transgenre, ma conviction profonde, surtout par sa longévité va dans le sens d’affirmer avec force que je suis Transsexuelle.

Je ne désire pas me soumettre à une tentative de destruction systématique de mes émotions profondes, mais aller à la recherche d’une amélioration pour atteindre le meilleur projet possible.
Avec le docteur B, quelque temps avant son décès, nous avions envisagé la rencontre avec le docteur V mais ce praticien, comme vous l’avez su n’exerce plus dans ce secteur.

Mon plan, il y a peu encore, était encore flou, prise entre les nécessités de bouche et principalement la position de mon épouse par rapport à moi, en tant que couple, mais nous avons commencé à définir ensembles un projet d’avenir sans toutefois avoir pu en fixer les limites qui me semblent trop aléatoires: « Vivre un féminin raisonnable et crédible, légalement mis en place jusqu’où la législation et le couple me le permettra ! »

Le mot raisonnable englobe pour moi toutes les contraintes de la vie courante, emploi, couple, famille, société ! Pouvoir être, sans choquer ni blesser mais, s’il le faut au prix de quelques renoncements, en assumant clairement.
La retraite est toute proche donc les problèmes de revenus s’estompent et je suis convaincue qu’il n’y a rien de bâti par le couple qui ne puisse être surmonté dans ces perspectives.

Dans crédible, on peut lire toutes les bases nouvelles d’une apparence physique permanente qui tient compte de 56 ans de vie :
Il ne s’agit pas pour moi de jouer les jeunes filles mais vivre un féminin en rapport avec mon âge en évitant tous les excès qui dérangent notamment une féminité trop érigée pour être vraie.
Je ne peux ni ne veux renier complètement l’homme dans lequel j’ai vécu toutes ces années, père et grand-père, comme je ne peux sagement intégrer la femme physiquement et intellectuellement parfaite du rêve de toujours.
J’ai pris conscience, par expérience, que les deux sont miscibles l’un dans l’autre et que c’est bien ainsi !
Il n’empêche que cette volonté lancinante de mise en conformité physique, depuis au moins 40 ans de durée, depuis mon premier raisonnement adolescent de transsexualité se heurte à des impératifs fondamentaux comme ma foi, une conscience aiguë de socialisation, l’attachement que j’ai à ma vie de couple et des craintes opératoires légitimes en l’état actuel des choses.

Dans les faits :
Depuis toutes ces années, j’ai déjà largement pris les devants avec des actions concrètes importantes comme refaire le nez, des épilations laser et électrique du visage, un traitement lourd du cuir chevelu pour retrouver des cheveux naturels quitte à envisager une intervention.
Je me suis motivée pour perdre énormément de poids et je continue ainsi que différents autres petits traitements secondaires.
Depuis l’âge de 35 ans environs, en ayant conscience que ce n’est pas ce qui se fait de mieux, j’ai pratiqué, une hormonothérapie de confort que j’ai ralentie depuis quelques mois en l’absence de mon médecin ami à cause de la carence de suivi médical des conséquences santé inhérentes.

Concrètement :

Une fois, je l’espère, mon état de Transsexualité confirmé, je désire bénéficier des aménagements prévus par la procédure déjà utilisée pour nombre de mes consœurs :

Obtenir un corps dans lequel je puisse enfin me sentir bien !

Avoir des seins, une coupe naturelle féminine, une taille plus creusée, un visage plus féminin de même qu’une voix en rapport, ce qui est possible aujourd’hui.
Je crois utile de dire que je ne perçois pas de désir de castration par rejet d’un organe comme cela arrive parfois mais seulement la volonté de tendre vers le même corps qu’une femme en gardant les réserves citées plus haut.
Bien entendu, je considère comme une urgence d’entrer rapidement dans un cadre régulier et sécurisé avec un endocrinologue, car je ressens péniblement des aspect masculin reprendre le dessus, ce qui joue considérablement sur mon moral de tous les jours..

En résumé, je préfèrerais inverser les situations qui sont, actuellement de devoir passer depuis mon apparence masculine vers féminin afin de me sentir plus en phase, pour, au contraire, pouvoir vivre mon féminin espéré.
J’admets toutefois devoir tempérer ce changement profond de façon à pouvoir revenir quelquefois a une apparence plus masculines selon les vicissitudes de la vie, administratives et familiales notamment.
Je ne parviens pas à déterminer clairement ma position par rapport à mon sexe, organe externe visible que la nature m’a donné par ma naissance.
Il me dérange par sa seule présence et les obligations sexuelles qu’il implique naturellement, mais je ne ressens pas une réelle pulsion castratrice dans le sens effacer.
Je suis bien plus persuadée que c’est la notion de construire un sexe féminin conforme à l’image que j’ai de mon corps achevé qui prédomine et j’en rêve depuis des années. Pas à n’importe quel prix en tous cas.
Je ne suis pas non plus accroc à l’aboutissement final social avec le changement d’identité.

Mes exigences morales entrent en conflit avec des impossibilités techniques comme devenir administrativement un sujet féminin qui ne peut donc légalement rester marié avec une autre personne féminine.

J’achèverai cette argumentation en précisant que mon espérance féminine n’est pas induite par la manque d’attractivité du garçon que j’ai été, qui a connu de jolis succès sportifs et « amoureux », une vie de couple dans l’ensemble satisfaisante. Pourtant cette attraction pour mon côté féminin ne s’est jamais démentie depuis mon adolescence et mes comportements primaires me placent dans une apparence morale et comportementale plus crédible au féminin qu’au masculin, ce que j’ai souvent remarqué ainsi que pas mal de tiers.

Malgré la distance d’aspect extérieur qui existe entre l’homme et la femme, ma personnalité intérieure doit fortement déteindre car un grand nombre de gens m’ont trouvée physiquement infiniment plus convaincante au féminin.

Si tant est que cela puisse être une déduction capitale !

Veuillez agréer, Monsieur le Docteur, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

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