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 Sujet du message: SOUVENIRS
Message non luPosté: 10 Jan 2010 18:58 
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Inscription: 09 Fév 2006 17:18
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Pascale (écrit il il a 8 ans)


Dans l’ensemble ma vie a été jalonnée de rencontres importantes qui m’ont aidée à grandir dans la connaissance de mon état.

Je ne me suis, bien sur, pas proclamée Transsexuelle dès mon enfance, je pense l’avoir souvent exprimé dans les précédents chapitres mais je suis partie d’un sentiment féminin indéfini dans ma prime jeunesse, juste un peu plus précis dans l’adolescence, pour arriver un moment de ma vie adulte à une certitude inébranlable.

J’ai suivi cette sorte de cursus un peu crescendo, comme bien d’entre nous, passant de la notion de féminité diffuse à la certitude d’être une femme.
L’époque quasi moyenâgeuse aidant, nous ne savions pas ce que c’était sauf peut-être par quelques oui-dires faisant état d’hommes pervers se déguisant en femme, toutes les composantes transidentitaires connues aujourd’hui, regroupées sous une seule étiquette de Travestisme pervers, apparenté à de l’homosexualité passive imagée !

Je me garderai bien en écrivant ces lignes d’induire les raisonnements dévastateurs qui mettent les Transsexuelles au somment d’une pyramide qualitative en faisant de celle qui va jusqu’au bout, la Rolls de tout le système !
De même que laisser entendre qu’avant j’étais travestie et que je suis devenue transsexuelle comme une étape supplémentaire de franchie.

Je fréquentais quelques copines travesties et fières de l’être, ce que je ne leur reproche pas, heureuses de vivre une certaine frivolité en recherche vestimentaire, une sexualité débridée mais avec Pascale et son amie Vicky j’entrai de plein pied dans un monde différent que je pressentais mais que je ne connaissais pas :
Le Transsexualisme !

Un ami m’avait laissé entendre qu’il y avait dans un bar privé de Perpignan une hôtesse qui était « travestie », donc au plus fort de mon courage je m’y rendis.

- « Bonjour mademoiselle ! Je cherche une membre de votre établissement dont on m’a dit qu’elle était travestie ? »
- « Transsexuelle, je préfère. C’est moi ! »

Je dois bien avouer que je n’avais pas du tout ressenti un homme habillé au féminin mais je m’étais adressée, faute de voir une travestie, en désespoir de cause à une femme simplement, à qui je demandais une collègue qui partageait son travail.

- « Vous avez l’air tout étonné ? »
- « Je ne savais pas qu’on pouvait arriver à un tel niveau de perfection !!! »

De fait le personnage était saisissant.
Pascale n’était pas très grande, sensiblement de ma taille autour d’un mètre soixante sept, brune coiffée mi-long avec ses propres cheveux, c’était indéniable, une ronde sans être grosse avec tout ce qu’il faut où il faut.
Vêtue d’une robe assez moulante sous le genoux, noire, le décolleté ne laissant rien ignorer de la poitrine magnifique qu’elle arborait fièrement ! Juste des créoles aux oreilles percées et un petit collier rehaussé de quelques pierres fines.
Ses mains étaient minces aux ongles soigneusement manucurés et ses gestes déliés.
Sa voix était douce, ni grave ni aiguë, en accord parfait avec cette personnalité marquante dans ma vie :

Je venais de rencontrer ma meilleure amie !

- « Vous vous travestissez ? »
- « Oui, assez souvent, mais je n’arrive pas à me convaincre de mon image ! »
- « Vous avez les trait fins pourtant, avec des cheveux plus longs, une perruque, je suppose, vous pouvez être très jolie quoique vous ne pouvez pas faire n’importe quoi avec vos épaules. »
- « Oui, je pratique énormément de sports ! »
- « Ca se voit mais ça peut s’arranger. »
- « Comment vous appelez-vous ? »
- « Michèle. »
- « Alors enchantée Michèle moi c’est Pascale. »

Un prénom que j’ai entendu et dit des milliers de fois !


Moi qui avais une approche travestie j’étais ignorante de la psychologie fine d’une transsexuelle par rapport à sa sexualité propre et le rapport faussé aux autres néanmoins cette rencontre fut pour moi autant de révélateurs que possibles de mes sensibilités personnelles par rapport à ma perception erronée du sexe travesti que j’avais rencontré avec d’autres copines.

Je vivais alors assez calmement avec de très rares relations sans lendemain, mais qui étaient indéniablement un moyen de me rassurer sur mon apparence féminine sans réaliser pleinement que mes côtés encore trop garçon faisait venir à moi une population en quête d’exotisme. Cependant je n’étais pas avide de translovers et bon nombre furent congédiés quelquefois vertement.
Nous savons ce qui attire les mecs en recherche d’ambiguïté dans des rapports étranges avec une homosexualité refoulée en toile de fond.

La première fois, je me rendis donc chez elle avec un sac bourré surtout de frivolités, d’une passable robe roulée en boule et totalement froissée, de talons trop hauts pour pouvoir même marcher, fort heureusement tout cela resta dans le sac !
Je n’étais pas hormonée, encore naturellement actif suffisamment pour que mon émoi fut visible mais instantanément nous nous rendîmes compte que ce n’était pas notre démarche à toutes les deux, et que nos similitudes de réactions nous rapprochaient l’une de l’autre dans une autre forme de communion de pensées et d’actes.

Nous passâmes plusieurs rencontres à nous raconter de l’enfance au jour d’aujourd’hui, d’abord autour d’un verre, puis plus intimement, l’une contre l’autre, comme pour ne pas avoir froid dans le dos à l’évocation de nos passés respectifs.



En présence d’une autre transsexuelle, ma transsexualité se laissait enfin distinguer en toile de fond et notre relation prit très vite une autre direction faite de respect, de connivence et d’une certaine forme de tendresse de filles, partagée.

Pascale me prit sous son aile avec toute l’attention d’une mère poule qui vient de découvrir un poussin égaré et notre amitié perdura jusqu’à son départ prématuré, sans failles malgré nos deux caractères entiers et ma « tontéria « catalane »


Vint le jour où elle me demanda de me préparer pour avoir un aperçu de l’ensemble !

Comme d’habitude, je créais un ersatz de femme trop féminine pour être crédible, mal fagotée, comme toutes les fois où je n’avais pas recours à une aide extérieure pour me maquiller et m’habiller.

- « Grotesque ! Tu comptes aller où comme ça ? »
- « C’est moche, hein ? »
- « C’est pire que ça ! »

Un certain silence s’en suivit. Les yeux de Pascale se mouillèrent de larmes et une immense gène sembla l’assaillir, puis elle reprit d’une voix hésitante :

- « Michèle ! Je n’ai jamais rien dit de tel à personne, même pas à Vicky puisque lorsque nous nous somme rencontrées, elle savait déjà pour elle ! Mais toi, ça fait un moment que je t’observe dans tes réactions et j’ai acquis le sentiment que tu n’es pas travestie mais que tu es effectivement transsexuelle. »
- « Je m’en doutais un peu à te regarder vivre et en me comparant à toi, mais je ne sais pas bien ce que ça signifie ! »
- « Attention ne prends pas pour argent comptant ce que je viens de te dire, je n’ai aucune certitude et aucun droit de poser un diagnostic ! »
- « Tu me confirmes une idée qui fait son chemin depuis quelque temps et pour moi c’est bien de te l’entendre dire. »
- « Pas forcément, Michèle, tu entres dans une dimension qui n’est pas faite que de plaisirs mais de beaucoup de soucis, de frustrations au fur et à mesure que tu te découvriras. Je ne te fais pas un cadeau, je t’annonce hélas, une vie d’ennuis ! »
- « Et cette différence, elle consiste en quoi de façon pratique ? »
- « A devenir physiquement et irrémédiablement la femme de chair et de sang que tu es dans ton cœur. »
- « Et je devrai faire quoi ? »

- « Commencer par te poser des questions sur la nature profonde de tes pensées, par observer la manière d’être des femmes de naissance, te choisir un style qui te corresponde et te créer ta vrai personnalité féminine… La récréation est finie !
Veux-tu mon aide ? »
- « Oui, Pascale ! »

C’est ainsi que j’entrai dans une grande période de réflexion, en allant directement à la rencontre de mes désirs les plus enfouis, les moins avoués, les questions de base que je ne m’étais jamais posées.
Qui étais-je, pourquoi, comment, à cause ou à partir de quoi qui soit induit ou inné, quelles conséquences dans mon présent et chercher à définir un futur s’il y avait des développements possibles à mon état, dans quel contexte, quel état, quel cercle familial ?
Pascale, Vicky, je le savais à présent, bien d’autres, vivaient cette différence plus ou moins douloureusement, mais elles existaient et commençaient à parvenir à leurs fins.

Serai-je de celles-là ?

Les semaines, les mois, les années qui suivirent furent un long apprentissage durant lequel mes amies ne me ménagèrent pas à la recherche d’un look qui m’appartienne vraiment et par un savant mélange d’existant et de créé faire une personnalité qui me corresponde.
Une sorte de deuxième naissance, un peu comme les kangourous, naître d’abord au jour pour finir la gestation dans la poche ventrale.

Michèle se construisit dans un formidable mélange de naturel et de composé dans une relation tendre et violente ponctuées de formidables élans du cœur que seules deux femmes peuvent éprouver ensembles ou de violentes oppositions certainement vestiges de notre sexe de naissance.
Les pudeurs masculines interdisent une telle interpénétration entre deux êtres.

Dans la dizaine d’années qui suivit, je découvris mon vrai féminin, celui que je n’avais pas vu ou même plus sournoisement que j’avais fait semblant de ne pas voir ! Je laissais ainsi à mes pensées le droit de raisonner au féminin pour m’apercevoir que la syntaxe féminine me convenait parfaitement…à un point tel que depuis cette époque j’ai toujours accordé mes phrases au féminin sans qu’il ne m’en coute aucun effort.

Force a été de me rendre objectivement compte que mon corps d’homme m’apparaissait comme une hérésie, une erreur de la nature et que mes actes sexuels d’homme étaient un déchirement intellectuel ! Pour cause, la physiologie prenait le dessus sur mon esprit et je ne saurais dire combien de fois j’ai pleuré à chaudes larmes sur une quelconque érection incontrôlée qui me trahissait dans mon intimité !

Pascale ! A la fois mon amie, mon égérie, ma maîtresse, mon professeur intransigeant, mon révélateur, ma correctrice et seulement sous certains aspects ma conscience.

Combien de fois me suis-je retrouvée à moitié nue dans une arrière boutique amie, d’essayages en essayages de vêtements et accessoires, en instituts esthétiques d’épilations en épilations !
Fort heureusement, je n’étais pas très velue et l’affaiblissement de mes poils se fit en seulement quelques séances.

J’appris qui, était Michèle, mon véritable moi-même, je cernai une grosse partie des moteurs qui m’avaient conduite à mon transgendérisme, je me laissais glisser doucereusement dans mon âme féminine, je maîtrisai mon apparence, ma gestuelle, mon rapport aux autres…à tous les autres !

J’étais devenue une personnalité convoitée dans les milieux tv trans.
A fond dans mes certitudes j’osai quelques aventures, quelques excès, de très rares abandons des bras masculins doux et vigoureux dans lesquels je ne fus seulement qu’une femme.

Par un concours de circonstances fortuites, je me retrouvai rédactrice de la première revue trans en prenant le pseudo d’Aubeline, rapidement connue et estimée, un peu la Macha des intergenres.

Grisée par ces succès je laissai ma fuite en avant s’accélérer jusqu’à commencer une hormonothérapie sauvage que je ne conseille désormais à personne !

D’abord une pilule contraceptive, la plus dosée de l’époque, Stédiril; Pascale me fit un jour ma première piqûres de progestérone retard, puis aussi de l’estradiol retard, ma poitrine devint très féminine et j’abusais outrageusement de décolletés vertigineux .
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes !…En surface seulement !

Pascale et Vicky entre-temps étaient revenues de Casablanca avec un magnifique sexe féminin, beau certes mais à peine fonctionnel et de formidables perspectives d’avenir…sauf que leur numéro de sécurité sociale portait toujours un 1 devant et qu’aucun papier officiel ne portait aucune mention de ces changements.
Un formidable clash se préparait. Personne n’en vit les prémices.

Vicky partit la première d’une overdose préméditée.

Du haut de tout leur mépris les légistes la redirent à Pascale après une autopsie de boucherie quasi totalement éviscérée sans avoir même le respect de la re couturer quelque peu !
Un enterrement digne grâce à un curé humain qui accepta de la recevoir en son église pour son dernier voyage et même, luxe ultime que les hommes ne lui avaient pas accordé, de parler d’elle au féminin et d’accompagner une très belle jeune femme en terre.

Puis en moins d’un an tout se dégrada très vite pour Pascale aussi.

Je la sauvai une première fois in extremis d’un suicide par ouverture des veines mais il était trop tard quand on la découvrit définitivement inanimée recroquevillée au fond de sa douche dans un bain de sang !

Le bel oiseau blanc aux ailes déchirées s’en était allé par delà la nuée…

Lâchement je n’eus pas le courage d’aller à son enterrement, prostrée à la seule idée de n’avoir rien pu empêcher, coupable de ne pas l’avoir incitée à plus de prudence avant son opération quand elle me faisait part de ses incertitudes, rageuse envers la société de l’avoir poussée à cette extrémité en ne lui accordant pas son statut social de femme !

Je n’avais pas encore quarante ans au moment de ces événements tragiques et j’en ai cinquante cinq au moment où j’écris ce paragraphe ! Malgré la répétition de mot, je dois avouer que ce ne fut pas un simple paragraphe dans ma vie mais un fil rouge pour ces vingt dernières années.

Pascale m’avait permis de me qualifier et je lui dois la lucidité de mes formidables convictions de ces dernière année face à mes psys, non pas de m’avoir dit qui j’étais mais de m’avoir fait découvrir par moi-même que j’étais une femme, que j’étais réellement transsexuelle, au delà des apparences et face à toutes les contradictions de la vie.
Je lui dois aussi au travers de sa tragédie d’avoir eu trop peur de me lancer trop tôt dans une folie qui aurait pu être auto meurtrière, d’avoir eu la force d’accompagner ma famille dans mon rôle d’époux et de père, celle d’avoir eu le courage d’attendre le moment favorable, très longtemps après pour me lancer dans la démarche ultime en me donnant toutes les chances de succès.

Michèle-Aubeline

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