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 Sujet du message: Le pouvoir de la parole
Message non luPosté: 04 Aoû 2003 09:51 
restreint
Avant-propos
Ce récit d’une introspection a été écrit en deux mille un à mi-parcours par une « trans. » qui aujourd’hui attend son changement d’état civil. Chaque parcours, comme chaque psychisme, est unique. Il n’y a pas de recette, c’est à chacun et chacune de trouver la voie et la méthode qui lui convient.
L’auteur de ce texte est consciente qu’il peut y avoir des erreurs et des imprécisions relatées, il s’agit d’un témoignage sans prétention. Au début de mon parcours je ne connaissais rien du transsexualisme, j’étais uniquement dans le ressenti.
Le sujet de ce texte étant la parole, je dois préciser quels étaient mes interlocuteurs afin de cadrer ce témoignage.
Au fil de ce début de parcours d’une durée d’environ 2 ans, j’ai conversé avec 5 personnes principalement.
- Je me suis d’abord confiée à une TV qui connaît bien la problématique T*
- Ensuite j’ai parlé avec l’esthétitienne qui me faisait l’épilation électrique du visage, sans anesthésie…il faut être motivée pour continuer avec la douleur. Des séances de 3 heures donnent le temps de la confidence.
- Puis j’ai vu le premier médecin, recommandée par une trans., qui a fait des séances d’écoute…il est gynécologue mais le transsexualisme l’intéresse.
- En parallèle avec ces personnes écoutantes, je parlais régulièrement avec une amie de longue date qui me connaissait avant. Etant férue de psychanalyse, elle m’a convaincue d’aller voir un psychanalyste, ce que j’ai fait. Résultat : le psychanalyste après une séance d’une heure m’a dit qu’il ne pouvait rien pour moi, il m’a conseillé de faire du théâtre et cela m’a coûté 300FF !
- Ensuite, après avoir consulté des psychiatres dits officiels non écoutants, j’ai eu la chance comme je le dit dans mon texte d’avoir rencontré le psychiatre qui me convenait. Je le considère comme un Dieu…ne vous inquiétez pas, c’est le transfert !


LE POUVOIR DE LA PAROLE
témoignage en cours de parcours d’une transsexuelle

Deux ans à parler et je suis devenue enfin la vraie moi-même.
J’ai commencé mon parcours vers le féminin en septembre 99 et ces mois à m’exprimer sur les sujets les plus intimes a été difficile, d’autant plus difficile qu’ils étaient cachés et occultés depuis l’enfance. Il n’est pas facile de se mettre à nu, par pudeur, honte ou tout simplement par peur de soi-même, de découvrir ce double moi-même que je sentais vivre enfoui et paraissant au cours du travestissement, syndrome de transsexualité dont l’origine est encore une énigme pour la médecine et que je considère comme une malédiction de la nature (une erreur de la nature).
Les dernières recherches aux US et aux Pays-bas orienteraient l’origine du syndrome vers le développement du fœtus au niveau de l’hypothalamus qui aurait été « imprégné » du genre opposé au sexe corporel suite à un dysfonctionnement hormonal (cette imprégnation est postérieure à la formation des organes sexuels du corps). Cela expliquerait que les transsexuels disent ne pas être dans le bon corps et que ce qu’ils disent est du niveau du ressenti et complètement irrationnel, ce qui pose évidemment problème pour la médecine qui elle est rationnelle dans nos pays d’occident. Tout se passerait donc avant la naissance…

En fait, l’éducation nous met sur les rails d’une société judéo-chrétienne où le genre m/f ne peut pas être transgressé.

On peut être satisfait de son identité de genre comme la quasi totalité de la population (on ne se pose pas la question) ou comme moi s’interroger sur le déroulement d’une existence qui me semblait ne pas être mienne, une impression de ne pas vivre ma vie, d’être à côté dans un autre corps, sentiment prégnant que j’éprouvais depuis longtemps pour ne pas dire depuis toujours.

Personnellement et je suis la seule à le savoir, je suis consciente «d’être une femme »depuis 30 ans, mais il ne suffit pas de le penser, il faut le devenir en changeant le corps ce qui était à l’époque quasiment impossible et est devenu aujourd’hui réalisable de par les évolutions de la société et les progrès de la médecine. A cette époque, il eut été irréaliste dans ma situation de cadre dans une entreprise multinationale de bouger et même de commencer à bouger pour me perdre dans la prostitution (voir le témoignage de Maud Marin dans ses ouvrages), c’était malheureusement à mes yeux la seule voie possible.
Il ne faut pas rêver, la société et la médecine ignorantes étaient dures devant un syndrome rare et incompris souvent pris pour une perversion et il ne fallait pas attendre de cadeau.

Il faut dire que la période actuelle est beaucoup plus « facile » pour nous car le transsexualisme est enfin officiellement reconnu par la médecine malgré sa position conservatrice et est pris en charge quand on a de la chance (on est en France) par les caisses de Sécurité Sociale, ce qui change malgré tout. Maintenant, le parcours peut être commencé assez tôt. Des aménagements au poste de travail peuvent être négociés (surtout dans certaines administration compréhensives et les grandes entreprises)…en attendant la nouvelle Loi sur les discriminations au travail qui inclura, je l’espère, les problèmes d’identité de genre, mais il ne faut pas rêver ce n’est pas encore pour demain. Aujourd’hui tout dépend de l’attitude compréhensive du patron qui a pouvoir sur vous…il n’y a pas de loi en France comme dans quelques états des USA, la Californie entre autres.

Afin de se préserver, l’être humain possède des défenses psychiques qu’il intègre dans sa vie ce qui lui permet d’oublier (faire le deuil de) ce qui n’est pas réalisable et « de faire avec » son environnement.
Le travestissement occasionnel constituant un palliatif, avec toutes les souffrances induites pour une personne transsexuelle, on se conforme à l’existence pour laquelle les forces biologiques nous vouent avec une faculté d’adaptation au milieu gage d’absence de trouble mental, démonstration par le vécu que le transsexualisme n’est pas une maladie mentale…mais oui Mesdames et Messieurs les psychiatres dits « officiels » les transsexuels sont sains d’esprit !… car il faut le savoir, en France actuellement, pour le transsexualisme il y a deux médecines, l’ «officielle » qui a le pouvoir et l’autre. Bien sûr, cette pratique est contraire à l’éthique médicale (article 6 du code de déontologie médicale), un sujet de réflexion pour l’Ordre des médecins à partir de ce qui se passe dans la réalité quotidienne.

Tout cela explique pourquoi certains parcours actuels sont tardifs (hélas) et difficiles, arrivent à un moment où le « rêve» devient réalisable avec des souffrances et des difficultés car nous vivons dans une société qui accepte encore difficilement les différences.

La parole m’a libéré des refoulements de ma réelle identité et de ma sexualité. Il y a encore peu de temps, j’ignorais son pouvoir révélateur, révélateur de la personne que je suis. Au fur et à mesure que je parlais j’allais mieux et j’avançais. Le manque de parole me laissais déprimée. Il y eu des moments difficiles, il y en aura d’autres, mon parcours n’est pas complètement terminé. Mais je sais au moins qu’il n’est pas possible d’avancer sans la parole surtout lorsqu’on a caché et refoulé depuis l’âge de 12 ans une certaine façon d’être qui me paraissait anormale et honteuse.
Aujourd’hui la parole est recueillie par la communauté des psys, parfois par une écoute amie attentive. Autrefois ce rôle dans la société était tenu par le prêtre « directeur de conscience » c’est tout dire, ou par un(e) confident(e), de tout temps l’homme a eu besoin de parole.

Je remercie toutes les personnes qui ont bien voulu m’écouter et qui continuent à m’écouter, elles ne peuvent pas se rendre compte de l’énorme cadeau qu’elles m’ont fait et continuent à me faire, écoute qui m’a permis d’avancer et de ne pas tomber dans la dépression.
J’ai eu la chance extraordinaire de rencontrer un psychiatre qui m’a probablement sauvé la vie et qui aide à ma renaissance…il fait dorénavant parti de mes amis de toujours.
Je remercie aussi particulièrement mes amis qui se reconnaîtront sans qui tout aurait été bien plus difficile.
Mon salut en quête du bonheur tient donc à quelques personnes et je puis dire aujourd’hui que j’ai de la chance d’avoir de tels amis. Qu’ils sachent que sans eux je ne sais pas où j’en serais car le parcours est difficile, surtout au début, d’autant plus difficile que l’on n’est pas accompagné.
Aujourd’hui je ne suis plus seule et le chemin est couvert de roses.

La parole est salvatrice et source de bonheur,… les amis aussi.


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