Le forum I - TRANS - Transgenre et Transsexualité | Transidentité - Infos et Rencontres

Avant-propos

Ce texte est une réflexion toute personnelle sur la psychothérapie pour transsexuels et en quelque sorte un éclairage de mon précédent texte
« le pouvoir de la parole ». La parole telle que je l’ai pratiquée est en soi une psychothérapie…à mon initiative, avec qui je veux et quand je veux.



PSYCHOTHERAPIE, POUR QUI ?
Opinion d’une « patiente »


Certains psychiatres orientent les transsexuels candidats à la réassignation sexuelle vers la psychothérapie. Cette orientation, si elle est systématique en présence de trouble de l’identité, me paraît non respectueuse du patient. C’est dire au patient « allez faire une psychothérapie et on verra après », cette approche étant à mettre en oeuvre en cas de désordre mental. Ce discours ne peut pas être compris du patient car avant de consulter le psychiatre, il s’est renseigné sur son syndrome, en a fait son diagnostique et donc connaît les limites de la psychothérapie pour les transsexuels. Il refusera la psychothérapie imposée, c’est ce que constatent les cliniciens (voir la littérature, notamment anglo-saxonne).

En fait la psychothérapie, à mon avis, est très utile à partir du moment où c’est le patient qui est demandeur non pas pour soigner un désordre mental, il ne se sent pas malade, mais pour atténuer sa souffrance, se révéler, confirmer sa réelle identité psychique voire son orientation sexuelle et l’aider psychologiquement dans son parcours. Le parcours doit être dynamique gage de progrès dans la découverte de soi et de mieux-être.
Un malentendu au sujet de la psychothérapie existe avec la majorité des psychiatres ce qui est dommageable pour tout le monde car le résultat sera rarement au bout du chemin.
En effet, dans l’esprit de certain psychiatres la psychothérapie a pour but de faire renoncer le transsexuel à son projet, le but étant de le conforter dans son sexe d’origine.
A contrario, le transsexuel se servira de la psychothérapie pour se rassurer dans son identité psychique ce qui fait dire au psychiatre qu’il fuit car les objectifs sont opposés. Le psychiatre veut ramener le patient dans le « droit chemin », le transsexuel ne pense qu’au parcours vers sa nouvelle identité et demande à la médecine la confirmation de son transsexualisme donc de son identité psychologique, confirmation qui n’arrivera qu’à l’obtention de l’autorisation de réassignation sexuelle par la chirurgie. C’est la raison pour laquelle les transsexuels « on une volonté forcenée » dans leur conviction, d’autant plus forcenée que le psychiatre est opposant. Cette lutte est vaine et ne mène nulle part et la solution pour le transsexuel est de changer de psychiatre.

Le transsexuel est paradoxal. Il ne présente pas de trouble mental, est souvent une personne équilibrée (il faut être équilibré et réaliste pour réussir le parcours) et s’auto diagnostique ce qui a de quoi troubler la médecine. La médecine veut soigner une personne qui ne se sent pas malade mais qui souffre de son problème et du manque d’aide, sa réponse étant la psychothérapie, mais pour soigner quoi ? elle ne connaît pas l’origine du problème alors que peut elle faire ?…dans la réalité c’est le patient lui-même qui se prend en charge tant du point de vue psychologique (voir mon texte intitulé le pouvoir de la parole) que de son parcours, la médecine fournissant les traitements hormonal et chirurgical et dans le meilleur des cas psychologique.
Enfin, quelques entretiens pourrait être proposée aux proches (famille, amis) du transsexuel afin de les aider à essayer de comprendre et diminuer leur souffrance. Cette approche me semble négligée aujourd’hui et serait certainement féconde avec des proches volontaires pour parler du problème.

Pour les transsexuels ce n’est pas les aider que de leur proposer systématiquement une psychothérapie, avant tout entretien approfondi. Ils ont besoin avant tout d’une écoute bienveillante d’un problème qui la plupart du temps a été caché et refoulé pendant de longues années.