Le forum I - TRANS - Transgenre et Transsexualité | Transidentité - Infos et Rencontres

Bonjour a toutes

Je m'appelle Eva, c'est un prénom que j'ai choisi et qui aujourd'hui figure sur mes papiers civils () Je m'exprime pas souvent mais je lis ce qui s'écrit ici, car j'ai l'impression d'être avec des gens qui partagent un peu ce que je vis depuis des années.

( même si vos disputes nous gonflent quelquefois )
Certaine d'entre vous sont allé plus loin, ou plus vite que moi. La plupart d'entre vous semblez cohérentes dans votre démarche.
Et cela donne du courage de se sentir pas seule sur le chemin.

Mais je suis un peu interrogative quand je vois ici ou la l'opération du bas être présentée comme l'étape ultime et obligatoire de la transsexuelle politiquement correcte. Comme si les trans. non op. n'existaient pas et comme si elles n'étaient pas les plus nombreuses et celle vivant leur transsexualité de la manière la moins problématique.

Bien sur que la plupart des très belle trans. que l'on voit sur les sites pornos ne sont pas opérées mais si on en trouve tant a photographier c'est qu'il y en a bien une grand nombre. Le fait qu'elles fassent fantasmer les homos refoulés ou qu'elles soient sur un site porno c'est une autre affaire.
On peut pas reprocher à de belles femmes de se montrer ou d'exhiber leur corps sur une plage ou dans un site porno. Et ça chez les femmes biologiques comme chez nous.
Et je ne pense pas au vu de leurs corps et de leurs visages que c'est des travs qui regagnent le soir venu les habits de mecs.

Si j'ai un corps féminin et que je sais être une femme a part entière aujourd'hui par rapport à ma vie de tous les jours, a mes parents et a mon milieu professionnel, je ne compte pas être opérée du bas. Un bout de viande oublié au fond du slip fait il la féminité ? Je connais des femmes qui n'en sont vraiment pas et qui pourtant ont un vagin artificiel ou pas. Et jamais le fait d'avoir ou pas un vagin artificiel fera que tu trouveras un homme bien dans ta nouvelle vie de femme ou la considération de ta féminité par ton postier si tu ressemble à un garçon déguisé.

Avant quand je voyais un psy a Paris, il me disait que l'on était transsexuel qu'a la condition de devoir passer par l'opération. Que c'était pour des raisons diverses le terme normal d'un protocole. Cette bêtise de tout ramener au sexe génital, il fallait bien un esprit de mec pour en être persuadé.
Le sexe c'est pas que la génitalité.
J'avais très mal vécu mon état de garçon manqué avant, plusieurs TS, je ressentais comme une extrême violence que de devoir vivre dans ce corps qui n'étais pas le mien. Mon cerveau, mon cœur et mes tripes me criaient Ce corps c'est pas toi !! Cette violence en moi avait commencé à s'atténuer quand j'avais commencé à laisser paraître ma féminité. Et plus je m'engageais dans ce qui était le chemin sans retour vers ma vraie nature moins je ressentais cette anormale violence. La prise des hormones, le changement dans mon corps, la vie vécue tous les jours sous ma nouvelle identité furent pour moi comme une libération de cette prison ou je survivais auparavant.

Et cette violence abandonnée dans mon ancien genre, je voulais pas la retrouver dans une opération aux couleurs de boucherie.

J'ai bien sur visité tous ces sites ou des trans exposent presque impudiquement leurs photos d'opération comme le mendiant expose son pied bot ou ses cicatrices, je trouvai ça malsain que d'exhiber encore plus loin et plus intime qu'une bite ou un cul. Sa chair ouverte et sanguinolente au monde entier.
Et cette boucherie c'était pas moi, ça devait pas être moi. Je n'avais pas sauvé mon corps de cette violence de vivre en garçon pour lui infliger cette boucherie chirurgicale. Ou je n'étais plus une personne mais un corps sur l'étal.
Ce qui m'inquiétais aussi c'était cet aspect bricolage de viande. Les équipes chirurgicales n'utilisent pas les même méthodes, ne sont pas d'accord entres elles, la technique est expérimentale dans plein de pays, et il faudrait que je leur serve de cobaye pour leurs résultats a 6 mois et a 1 ans montrés dans des congrès scientifiques ?
C'est ma peau, ma vie pas la leur. Ils charcutaient les femmes qui avortaient il y a quelques années aujourd'hui c'est nous ! pas envie d'être un cas intéressant pour eux
Il n'y a rien de comparable entre une chirurgie classique et éprouvée s'adressant à des millions de personnes et des chirurgies lourdes rares et aléatoires que l'ont fait subir à des minorités statistiques. Pourquoi le taux d'échec est si important ? C'est aussi une question de gros sous, et d'expérimentation et de bataille entre équipes et méthodes et de sacrifice d'une communauté toute petite sur l'autel de la recherche et de l'ego des chirurgiens pour qui devenir une femme c'est simplement changer le tuyau qui fait pipi en trou plus ou moins bricolé et fonctionnel.

Ils oublient qu'après il faut vivre avec ça. Etre heureuse avec ça, trouver un compagnon avec ça...
Combien de trans opérées vivent-elles heureuse avec un homme dans une famille qu'elles savent tenir en femme complète et épanouie ?
Pourquoi un homme choisirai-il plutôt une trans opérée qui ne pourra jamais lui faire d'enfants et pas plutôt une femme biologique ??
On change pas l'intérieur de la tête par le bistouri ça c'est un fantasme

Sur 5 copines qui se sont faites opérés, 3 ont eu des gros problèmes ( infections, nécroses, re opération pour prélèvement du colon ou de peau avec la encore une complication majeure en dépression chronique ) et une s'est foutue en l'air, jusqu'a l'opération elle vivait très bien sa trans sexualité, Elle faisait du théâtre et avait bien négocié sa nouvelle vie mais après cela a été la descente aux enfers de mois en mois, huit mois de complication post opération, l'alcool, un essai de prostitution et elle nous a tiré sa révérence. Je l'aimais comme une sœur, on avait commencé ensemble, les premières sorties " en fille" en boite et en Italie, les premiers mecs.
On était si proches, c'est un peu pour elle que j'écris ça.

Trop de copines sacrifiées aux certitudes des mecs en blouse blanche qui décident pour nous et pour qui on ne devient femme qu'en se faisant enlever quelques grammes de viande. C'est pas si simple de " devenir ce que l'on est déjà "messieurs !!
Mais peut-on demander à un chirurgien de raisonner globalement ?? Hors de sa discipline ? Un soldat verra des solutions militaires a tout et c'est normal.
Un psy ne verra que des solutions psychologiques
Autour de moi je vois d'autres transsexuelles qui s'amusent, sortent et celles la pour la plupart n'ont pas de gros problèmes avec leur ancien sexe et se considèrent femmes épanouies sans devoir risquer la mort et les complications médicales à vie.
Etre trans c'est quoi ? Risquer de rester un mec sans bite a vie ? une femme frigide et castrée mais avec un trou plus ou moins réussi dans son slip ? ou une femme réconciliée dans sa nouvelle vie sociale et affective ? ?
Ma question est Depuis quelques dizaines d'années seulement on opère les personnes comme nous, avant on opérait pas. Est-ce la solution ? A t'on du recul ? La solution des bouchers imbus de leurs certitudes est-elle la bonne pour NOUS ? Ne devons nous pas être critique devant les solutions qu'on nous impose de force en France ( soit tu es opérée sinon pas de papiers ) Ne rentre t'on pas dans un discours normatif ou on demandera à un métis de se teindre en noir pour ressembler à un noir ou de se teindre en blanc pour singer un blanc.
Pourquoi se faire opérer ? A t'on honte de ce qu'on est ? C'est pas un travestissement ultime ?
Aujourd'hui j'ai décidé d'être ce que je suis, sans changer plus, un homme m'aime comme je suis, j'ai gardé la capacité de jouir et ce n'est pas un plaisir de mec comme des malsains pourraient croire,
C'est les hormones et la notre manière de faire l'amour qui donnent le sexe du plaisir pas le fait d'avoir ou pas un appendice clitoridien un peu trop développé. Je connais des femmes qui baisent comme des mecs et qui se débrouilleront de toute façon pour être pénétrantes avec un gode. Je suis réconciliée avec mon corps et finalement ce qu'il y a dans mon slip n'a jamais empêché mes compagnons de me traiter en femme.

Je ne prétends pas que mon avis est le bon pour tout le monde, mais c'est mon avis et il est sincère et vrai et peut etre un peu plus " terrain "
que celui que nous infligent du haut de leurs certitudes à quatre balles ( qu'ils changeront dans deux ans ) les spécialistes psychiatres et autres docteurs en féminité qui nous disent " Allez y !! " planqués dans leur bureaux

Une sœur parmi d'autres